Bruxelles, le 5 décembre 2000,

temps sec et froid,
Bonjour,
Je ne sais pas par quelle lettre commencer. Dans ce désert je suis à la lettre "O", trou par lequel soufflent les vents et dont le centre et le pourtour se confondent, à l'inverse de la lune, ce cercle de ciel nocturne emporté par le bec d'un grand corbeau.
Ou est-ce la lettre "P", du nom de la pierre dans la main de l'enfant, là-bas de l'autre côté du monde, à ce carrefour ?
Non! Je suis confu de tout confondre. C'est à la lettre "B", ce "bonjour" que je suis. "Comment vas-tu ?" c'est la lettre "C", déjà. J'ai dépassé le "A" d'Arme, d'Amour, d'Absence, d'Avoir. Ou Alors, suis-je le "O" ? Celui de l'ombre que les objets frottent sur le mur, même après leur départ, encore sali; la bouche ronde comme un puit conduit, de la terre à l'eau, là où le silence trouve son écho dans les gouttes tombée du seau sur la flaque du fond.
Il n'y a plus d'espace de paroles autour du puit, les femmes hurlent leur tristesse au carrefour. Un enfant est mort hier, abattu de deux balles tirées par un soldat. Mais pas ici. Mais je manque le principal souci, comment vas-tu après ce mois d'absence, partagée avec qui ? Que désires-tu maintenant que nous ne sommes plus ? Je suis une pierre, lancée par mépris. Si je désire, je ricoche sur l'ignorance; c'est la vie et l'eau qui s'accrochent à ces sauts. Je tombe. Le fond est ce reflet de ciel ouvert par un tesson de lune. Tu ris ? J'imagine, mais je ne sais pas faire face à l'absence.
La nuit, l'appartement se réduit à ce qui l'éclaire, la taille de l'écran est sa dernière mesure. Les murs résonnent d'une voix de femme : "je peux changer d'avis tout de même ?". Avant que le son, la lumière ne s'éteignent, que la journée finisse par nul "bonne nuit", ni "sogni d'oro", rien avant le matin ; pas un mot. Un simple son de pas et une rencontre forfuite dans cette cage d'ascenceur ; "bonjour". "Que pour vous aussi la journée soit bonne" répond-je, après que les portes de l'ascenceur soient fermées. Qu'importe je te transmet un souhait.
Amitiés, xavier

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