Bonjour Cécile, Anne, patrick-Henri,

J'avais bien tenter d'en finir avec la nostalgie, je vous avais envoyé un texte à propos de cela (la seconde lettre envoyée à tous et toutes). Mais sans réussite. Et avec lacheté je dirai que "c'est de la faute aux mots" qui posés ne résolvent rien. J'ai l'impression d'avoir oublié cette nostalgie, dans un des plis de la peau, articulée par le moindre geste, non par tous. Non seulement adressée au passé, mais aussi portée vers ce que je n'ai pas vécu. Une nostalgie animée de désirs à venir. Comme ce matin gris, en arrosant le ficus au dessus duquel j'ai posé la carte postale du petit port des Goudes, j'ai levé les yeux. cela a suffit pour qu'ils brillent. Les réalités, celle du ficus surtout, furent altérées par le mouvement de la tête levée vers la carte. Je sentais la nostalgie descendre et rompre l'attraction du présent et de l'ici, une lourdeur me liait à l'immobilité de la plante que je ne cessais d'arroser. Ce chapelet d'images que j'égrennaient des yeux, enchantaient d'autres sens. Le gout se liait au regret, l'odeur ajoutait à l'ivresse son grain d'éther à venir, mais étais-je parti ? Oui par la fourberie de l'imagination. Le ficus non. Alors qu'il baigne comme les petits bateaux dans le bassin du port des Goudes. J'ai tenté de détacher du corps l'attraction d'un lieu pour un non-lieux, n'échappant à rien, même pas à la distraction née de l'absence. L'ascendance me semble-t-il, trompe comme la transcendance ? Et le jeu de dupe auquel je triche consiste à croire que cette médiocrité ne se déplacera pas avec moi. Evidemment même ailleurs je tenterai de l'embellir, pour si peu l'enjoliver. Par écrit je la maquillerai comme une femme dans un mirroir peint un visage pour ne tromper rien ni personne de ce qui l'entourrent. Je suppose que le ficus connait ces moments de désirs reportés où l'appétit de l'objet dépasse sa possession ou sa dépossession. Ce n'est que la seconde fois que je tente de planter cet objet dans la boue des absences. J'ai changé la carte postale de place afin de ne pas noyer le ficus.

xavier

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